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    Emanuel Lasker

     

    Un joli cadeau du ciel enrichit le registre des tabloïds échiquéen en la personne

    d'Emanuel Lasker.

    Né le 24 décembre 1868 à Berlinchen « Allemagne » berceau décidément très actif pour nous fournir de redoutables champions souvenez-vous Adolf Anderssen 1818-1879.

    C'est dans une famille pauvre qu'Emanuel grandit auprès de son frère aîné Berthold.
    Son papa travaillant dans une synagogue pour un revenu très modeste s'efforcera toujours de garantir l'éducation de ses fils.

    Emanuel découvrît à l'âge de onze ans les prémices du noble jeu grâce à son frère Berthold également passionné du jeu.

    Très vite il démontra des prédispositions pour les échecs ainsi que pour les mathématiques, c'est vers onze ans qu'il rejoindra Berlin pour y poursuivre ses études.

    Alors âgé de dix neuf ans Emanuel pratique assidûment les échecs dans les bistros accompagnés de son frère pour régler ainsi les fins de mois difficiles.

    Et la pratique fini par payer il gagne match après match malgré le handicap consenti à l'adversaire, gain d'un pion, d'un cavalier et même d'une Tour.

     

     

    En 1889 la compétition démange ce jeune homme et c'est bien tout naturellement qu'Emanuel s'engagea pour une croisade, sa croisade au coeur de l'esprit dans l'imaginaire des soixante quatre cases, enfin le rêve pour ce mathématicien, découvrir bientôt le nouveau monde.

    Titre de maître des échecs décerné au tournoi de Breslau. Il se rendît au tournoi de Londres en 1890 où il bat des joueurs comme les maîtres K. Von Bardeleben, J. Mieses et H. bird pour ne citer qu'eux. Conscient de son potentiel il séjournera en Angleterre pour améliorer son jeu.

    Pendant son séjour à Londres il en profitera pour proposer à Siegbert Tarrasch un match, alors indubitablement un des meilleurs joueurs du monde. Celui-ci déclinera son offre en lui rétorquant qu'il devait encore faire ses preuves.


    No comment.

     
    A. Einstein
     
     
    Mais Emanuel Lasker en libre penseur ne verra finalement en les échecs qu'un passe-temps.
    Docteur en mathématique bardé des plus hautes distinctions, docteur en philosophie, écrivant de nombreux livres dont un qui fut un véritable best-seller « Le bon sens aux échecs »
    Il fût un ami intime du physicien Albert Einstein suite à l'écriture de son maître ouvrage « La philosophie de l'infini »

    A. Einstein dira d'Emanuel Lasker je cite :

    « C'est l'un des hommes le plus intéressants qu'il ait rencontré de toute sa vie.
    Regrettant toutefois qu'il ai eu comme attachement le jeu d'échecs au lieu de vouer sa vie à la science. C'était pour lui un moyen de gagner sa vie plutôt qu'une passion
    »

    « Le fort joueur d'échecs est un homme doté d'un cerveau aux capacités extraordinaires qu'il gâche inutilement devant un échiquier au lieu de s'en servir à des fins hautement plus importantes »

    Il se consacre aussi à la sociologie, ce qui l'aidera habillement d'un point de vue psychologique à jouer contre différents types d'adversaires.

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    Le paroxysme échiquéen

     

    Le cliquetis des pendules s'arrêtera pour un moment en Mars 1921 à la Havane
    Pour le titre suprême du meilleur joueur d'échecs de la planète la rencontre tant attendue entre :

    Emanuel Lasker et le génial cubain José Raul Capablanca

    Le monde échiquéen à son paroxysme les soixante quatre petites cases virevoltes autour d'une bourse promise au vainqueur de vingt mille dollars.

    Revenons un moment sur le style d'Emanuel Lasker avant de poursuivre la merveilleuse épopée de l'histoire des échecs et de nos deux magnifiques champions.

    Lasker dira « qu'une partie d'échecs est un combat entre deux hommes, avant d'être une discipline intellectuelle, artistique ou scientifique » Son jeu est à la fois simple et très varié diront les spécialistes, comme il peut jouer tous les débuts des parties ce qui lui permet de s'adapter au style de ses adversaires.

    Lasker excelle dans le milieu de partie ainsi qu'en finale ne laissant jamais une position stérile demeurée sans un avantage substantiel. Une des particularités d'Emanuel, il ne laissera jamais un joueur plus faible gagné, ce qui n'est pas le cas de nombreux autres grand-maîtres.

    Voici maintenant nos quatre premières parties de la Havane qui se solderont par des nulles, la cinquième partie verra Lasker commettre une erreur au quarante cinquième coup avec les noirs et perdre pour la première fois avant de renouveler avec quatre nulles d'affilée.

    La dixième et onzième partie devait revenir à Capablanca, le match étant virtuellement gagné pour Capablanca. Lasker abandonnait invoquant des problèmes de santé.

    Le Roi Lasker fût donc dépossédé de sa couronne au bout de vingt sept années de règne le plus long qui n'ai jamais existé.

    Au terme de se championnat qui consacra un immense champion Lasker dira de Raul Capablanca

    « J'ai connu beaucoup de joueurs d'échecs mais un seul génie : Capablanca »

     

     

    Le tournoi de 1924

     

    Un tournoi pas comme les autres se déroulait à New York où le gratin échiquéen était convié à jouer vingt deux rondes, nous touchions l'élite mondiale des joueurs d'échecs. Onze des meilleurs des meilleurs confrontés dans le silence pesant d'un tournoi considéré comme étant le magnifique de ce quart de siècle.

    Mentionnons donc, le champion du monde en titre Raul Capablanca, son illustre prédécesseur Emanuel Lasker, Alexandre Alekhine, David Janowsky, Xaviely Tartakower, Geza Maroczy, Efim Bogoljubow, Frank Marshall, Richard Réti, Yates et Edouard Lasker.

    Toutes les parties furent à la hauteur de leurs prestigieux auteurs époustouflantes.
    La première place fut disputée maintes fois, passant par les mains des uns et des autres jusque dans la dernière ronde, l'ultime, qui vu Frank Marshall offrir son roi à Emanuel Lasker devant un public en admiration.

    Le classement s'établira comme suit : Premier, Emanuel Lasker avec 16/20, deuxième Raul Capablanca avec 15.5/20 et Alexandre Alekhine qui finira troisième avec 12/20.

    Une douce revanche sur son successeur, Lasker mettra fin à la haute compétition au terme de ce tournoi à l'âge de 56 ans.

    Il reprendra part à la compétition contraint financièrement, le régime nazi lui ayant confisqué tous ses biens. Lasker continuera à gagner de nombreux tournoi de la nouvelle génération que l'on appellera Capablanca.

    1935 date à laquelle il travaillera à la faculté des sciences de Moscou et trois ans plus tard il émigrera vers les Etats-Unis pour enseigner les échecs.

    Le Dr Emanuel Lasker s'éteindra en l'année 1941 à l'âge de septante trois ans.

     

    Les songes de l'esprit

    A méditer

    L'avenir c'est ce qui dépasse la main tendue

    Louis Aragon
    1897 1982

    Ecrivain et poète français


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    Siegbert Tarrash

     

    Un parfum de revanche sans doute justifié sous les doigts de Lasker. Le jeune espoir Allemand avait donc fait ses preuves Siegbert Tarrash 1862-1934 surnommé le « Praeceptor Germaniae » se préparait donc à rencontrer le jeune homme qui quelques années plutôt venait lui demander de se mesurer a lui.

    Tarrash le pédagogue extrait de son livre de référence : «Traité pratique du jeu d'échecs»

    « Chaque position doit être étudiée comme un problème où il s'agit de découvrir le coup juste, celui que réclame la situation et qui presque toujours est unique »

    Il écrivit aussi des maximes devenues incontournable de nos jours, telle que, je cite :

    « Placez vos tours sur des colonnes ouvertes »

    « Occupez le centre avec les pions »

    « Roquez rapidement »

    1909 date à laquelle fut organiser à Düsseldorf et à Munich le championnat du monde du noble jeu. Lasker défait Tarrash avec huit victoires, trois défaites et cinq nulles.

    Voici ce qu a écrit Emanuel Lasker à propos de Siegbert Tarrash je cite :

    « L'amour du jeu d'échecs chez le Dr Tarrasch prend sa source dans sa vénération pour les qualités mystiques problématiques (énigmatiques) du jeu et sans être conscient de cela, il s'appuie toujours sur la solidité de la structure logique du jeu d'échecs, solidité qu'il estime trop considérable et cela sans que rien ne l'y autorise, il bâtit de grands monuments sur des fondations peu sûres(incertaines) »

    Tarrash la science, voilà comment il voyait le jeu d'échecs et qui l'enferma tout au long de sa vie dans un jeu plus ou moins stérile, l'empêchant d'atteindre les cimes tant convoitées des plus hauts sommets.

    « J'ai toujours senti une vague pitié pour l'homme qui ne connaît rien aux échecs, tout comme j'en aurais pour un homme ignorant de l'amour. Les Echecs, comme la musique ou comme l'amour, ont le pouvoir de rendre heureux »

    Siegbert Tarrasch.

     

    David Janowsky

     

    La capitale française sur la route d'Emanuel, c'est au Café de la Régence que David Janowsky 1868 - 1927 ne pourra rien faire contre le jeu d'Emanuel Lasker au mieux de sa forme.

    Janowsky d'origine polonaise était alors le meilleur joueur de Paris et était connu pour être un redoutable attaquant. C'est malgré tout sur un score sévère que David Janowsky devait laisser filer les gains. Sept victoires pour Emanuel Lasker, deux nulles et seulement une défaite.

    La revanche eu lieu deux années plus tard à Paris également, Lasker n'eu pas de mal à triompher fort aisément de Janowsky sur le score sans appel de huit victoires, trois nulles et aucune défaite.

     

    Karl Schlechter

     

    Nous sommes en 1910 et Emanuel Lasker remet une fois de plus son titre en jeu, contre un Autrichien du nom de Karl Schlechter 1874-1918 « Le roi de la partie nulle » Comme beaucoup de ses compatriotes viennois c'était à la mode à une certaine époque.

    Le match pour le titre mondial aura lieu à Vienne et verra les quatre premières parties se solder par des parties nulles.

    Le champion du monde entama donc la cinquième partie mais commit une erreur qui lui coûta le gain. Nous avions donc virtuellement une couronne Autrichienne sur la tête de Karl Schlechter par une victoire et quatre nulles.

    Nous irons donc jusqu à la dernière partie décisive au terme de la dixième Karl Schlechter commit à son tour une bourde et Lasker finira par égaliser conservant de justesse son titre de champion du monde en cas d'égalité.

    Pendant encore longtemps dans de nombreux tournoi internationaux Emanuel gagnera encore. Une citation qui reflète assez bien le caractère du maître patient se remettant sans cesse sur son ouvrage.

    Je cite :

    « Quand vous voyez un bon coup, cherchez en un meilleur »

                         


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     « La vie et les échecs sont tous les deux une lutte constante » dira un jour Lasker on ne s'assit donc pas sur ses lauriers, suivant ce précepte il s'embarqua aussitôt pour les Etats-Unis sur les traces de son illustre prédécesseur j'ai nommé Paul Morphy 1837-1884.

    Pour comparer deux styles de jeux, là où Morphy excellait dans les ouvertures claires et précises axées sur la mobilité de ses pièces ainsi que du développement rapide de celle-ci. Lasker n'a pas de jeu spectaculaire mais il est puissant, efficace. Cependant il redoute les ouvertures, de son propre aveu il ne sait pas jouer les débuts des parties. On comprend dès lors à propos du jeu de David Janowski qu'Emanuel admirait,

    « Donnez-moi une partie de Janowski au dixième coup et je me charge de la gagner »

    Emanuel parcourut les Etats-Unis en quête de victoire ce qu'il fît avec beaucoup de panache, donnant des simultanées et gagnant la plupart de ses tournois. L'inévitable rencontre avec Wilhelm Steinitz enfin se matérialiserait.

     

     

    1894 une date phare dans la carrière d'Emanuel Lasker la couronne mondiale est en jeu.

    Le 26 mai à New York le monde applaudissait un nouveau champion du monde d'échecs avec la victoire éclatante du challenger Emanuel Lasker sur le score de 10 à 5 et quatre nulles.

    Emanuel Lasker philosopha en déclarant au terme de ce duel, je cite :

    « Le joueur a battu le penseur »

    Emanuel Lasker avait beaucoup d'estime pour Wilhelm Steinitz pour sa science du jeu et son dévolu au jeu moderne et positionnel. Mais Lasker ira voir un peu plus loin.

    Et pour cela il appliquait les trois préceptes de bases suivants, je cite :

    1. Jouer avec un plan.
    Ce premier étant valable, selon lui, aussi bien aux échecs que dans la vie.

    2. Créer des faiblesses.

    3. Eviter les faiblesses.


    Il comprit mieux que Steinitz l'évolution dynamique de la structure des pions et garda toujours à l'esprit l'équilibre durable d'une position.

    Il fera de sa méthode un centre d'intérêt psychologique face à son adversaire concédant volontairement une position inférieure afin de mettre son vis à vis en confiance pour mieux le déstabiliser ensuite.

     

    Frank Marshall

     

    "La victoire dans une partie d'échecs appartient la plus part du temps à celui qui voit plus loin que son adversaire "

    Citation désormais célèbre d'Emanuel Lasker.

    Une citation pour la moins troublante poursuivant ses activités Emanuel délaisse un temps soit peu les échecs, gourmand financièrement car il connaissait les déboires de Wilhelm Steinitz à la fin de sa vie. Il mettra son titre en jeu seulement en 1907

    Les Américains en quête d'un nouveau champion en la personne de :

    Frank Marshall 1877-1944

    déposeront 1000 dollars sur l'échiquier.

    La couronne sera donc jouée à New York mais malgré un jeu pour le moins spectaculaire digne d'un combattant, Marshall du déposer les armes au terme d'un match à sens unique. Lasker s'imposera par huit victoires et sept nulles ne concédant aucune défaite.


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